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se fait sentir dans les deux visions racontées par saint Boniface. Cet homme infatigable, ce fondateur des églises de Germanie, ce conseiller de Charles Martel et de Pépin, trouve le loisir d’écrire à une religieuse anglo-saxonne, et de lui rapporter la déclaration d’un ressuscité qu’il vient d’interroger au monastère de Milburg. L’interrogatoire était solennel en présence de trois religieux, celui qu’on avait cru mort décrivit son départ de ce monde, son voyage en compagnie d’autres âmes qui cheminaient vers l’Éternité ; le jugement où ses péchés l’avaient accusé, et ses bonnes œuvres défendu jusqu’à ce que les anges vinssent l’enlever pour lui montrer le paradis, et le renvoyer ensuite parmi les hommes. Dans une autre lettre ; c’est une femme qui visite les lieux éternels. Ici encore les peintures de l’enfer restent dans l’ombre on retrouve bien le caractère du charitable évêque qui faisait transcrire les saintes Ecritures en lettres d’or, afin de charmer les yeux des païens, et qui eut horreur du sang, jusqu’à mourir plutôt que de laisser tirer l’épée pour sa défense[1].

2. Rien n’était plus près des Allemands que les

    ferius sustinebat. Sol vero nec luna nequaquam lucebant ibi, nec cœlum ac terra ibidem visa sunt, nam erant cuncta incorporea. C’est l’aspect tout spirituel du paradis de Dante.

  1. S. Bonifacii epist. 21 et 71, edidit Würdtwein. Ibid, ep. 28, Vita auctore Willibaldo, apud part. 3, Monumenta Germaniae Historica.