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du purgatoire, où les évêques négligents expiaient leur mollesse, et les comtes leur rapacité. Au milieu d’eux, Charlemagne était puni pour l’incontinence de sa chair[1]. Ensuite les portes du palais céleste lui furent ouvertes : il traversa les rangs des martyrs et des vierges ; il parvint jusqu’au trône de l’Éternel, et reçut l’assurance de son salut, à condition de revenir annoncer aux hommes pendant deux jours ce qu’il avait vu des vengeances divines[2]. Il y a toute la tristesse du neuvième siècle dans le rêve du moine de Reichenau. De ces guerriers et de ces pontifes de l’âge héroïque qu’on voyait naguère tout couverts de gloire, il ne reste plus que des âmes souffrantes et châtiées et le grand empereur n’échappe ni à la flétrissure ni au supplice. On a besoin de rencontrer des images plus consolantes dans un récit de saint Anschaire, qui, vers le même temps, achevait la conquête religieuse du Nord[3]. Il racontait qu’après son

  1. Acta Sanctorum ordinis um ordinum S. Benedicti.

    His visis celsum montem cœloque propinquum
    Adspiciunt ....... ibidem
    Abluit incauto quidquid neglexerat actu.
    ..... Fixo consistere gressu.
    Oppositumque animal lacerare virilia stantis
    Laetaque per reliquum corpus lue membra carebant.

  2. Ibid.

    Unde tibi jubeo auctoris de nomine nostri
    Ista palam referens ut clara voce revolvas

    .
  3. Vita sancti Anscharii, auctore Remberto, Bollandist., 3 fév.