Mais la critique de Jacques de Varaggio, si indulgente qu’elle fût, avait rejeté des récits plus étendus, qu’il fallait chercher dans d’autres recueils. Telle était l’aventure de trois moines d’Orient, qui virent flotter des rameaux d’or sur le fleuve voisin de leur solitude. Ils remontèrent le courant jusqu’à des montagnes inconnues, où ils se virent tout à coup au milieu du paradis terrestre, gardé par Enoch et Ëlie. Et lorsque, ayant admiré les merveilles de ce beau lieu, ils regagnèrent le cloître, d’autres moines y avaient pris leur place ; on leur montra leurs noms à demi effacés par le temps dans les obituaires de la maison sept siècles s’étaient écoulés[1]. Une collection italienne des Vies des Pères rapportait les discours des deux religieux, conduits en esprit au séjour des réprouvés ils y contemplèrent Caïphe dans le feu, et le prince des démons dans l’abîme[2]. On y lisait surtout la longue vision de Tantale, chevalier jeune et beau, lequel, au milieu d’un banquet, au moment de mettre la main au plat, tomba frappé d’un som -
- ↑ Manuscrit de la Bibliothèque du roi, du. quinzième siècle, no 7762 « De tre monaci che zeno a lo Paradiso terrestro. Lo Paradiso terrestre si è in terra in questo mondo, in ne le parte d’Oriente suso uno monte altissimo. »
- ↑ Vite de Santi Padri; — Venezia, 1448; Firenze,1738.
l’Histoire de Perceforest où l’on voit « comment le roy Alfaran a s’en alla en l’ysle de vie publier la foi catholique, et racompter au long la passion et la résurrection de Jésus-Christ au roy Gadifer d’Ecosse et au roy Perceforest d’Angleterre, à la sage royne, et aux aultres. » Voyez enfin l’excellent trayait de M. Douhaire sur tes apocryphes, dans l’ Université catholique, année 1858.