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qui furent justes. » Et le Seigneur sortit des enfers, et tous les justes le suivirent. —L’archange saint Michel les introduit ensuite dans le Paradis, où il trouve Enoch et Elie, enlevés de la terre et réservés pour les épreuves de la fin des temps. Ils voient aussi venir au-devant d’eux un homme qui porte sur ses épaules le signe de la croix. Et comme on lui demande ce qu’il est « Je suis, dit-il, le Larron crucifié avec Jésus, et j’ai cru en lui, et il m’a donné ce signe, en me disant de me présenter aux portes du Paradis, et de montrer ce signe à l'ange qui les garde. Et j’ai fait ainsi, et l’ange, m’ayant ouvert, m’a donné ma place. » Ce fut là que Leucius et Carinus cessèrent d’écrire ; et, se transfigurant, ils devinrent blancs comme la neige et disparurent. Mais, les deux livres étant restés, on les trouva parfaitement conformes. Les beautés de ce fragment n’ont pas besoin de commentaire. La scène s’ouvre avec toute la grandeur de l’épopée : il ne se peut rien de plus heureux que cette façon de grouper les personnages, de les mettre aux prises, et de leur donner la parole. Après cette longue attente, ces entretiens et ces disputes, la brièveté de l’action a quelque chose de foudroyant comme la puissance divine, et le triomphe terminé par l’histoire du bon Larron couronne ces spectacles pathétiques d’une pensée de miséricorde qui repose le cœur. L’auteur de la Légende dorée le savait bien : il n’ignorait pas la