Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/398

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

glais , du nom d’Oweins, entreprend pour l’expiation de ses péchés le pèlerinage du purgatoire. Il se rend à la caverne miraculeuse, jadis ouverte à la prière de saint Patrick, dans une île du lac de Dungal. Après de longs jeûnes et de ferventes oraisons, éclairé par les conseils des religieux voisins, il s’engage dans la route souterraine[1], et bientôt il se trouve en un lieu qui est à la fois celui des souffrances temporaires et des peines éternelles. Les menaces des démons ne le font pas reculer ; tantôt repoussé, tantôt entraîné par leurs bandes insolentes, il parcourt d’innombrables supplices[2]. Ce sont des coupables crucifiés à terre, enlacés, dévorés par des serpents, exposés dans leur nudité au souffle d’un vent d’hiver, suspendus par les pieds sur des bûchers qui ne s’éteignent pas, attachés à une roue qui tourne sans fin, plongés dans des fosses du bouillonne le métal fondu, enlevés par, la tempête et précipités dans un fleuve sous les eaux duquel les démons armés de crocs de fer les retiennent. Au fond de ce lugubre séjour, un puits

    de perspicacité et d’érudition. Mais pourquoi porter l’amertume de la controverse protestante et la rancune anglaise contre l’Irlande dans l’étude d’une innocente tradition qui ne fut jamais qu’un récit poétique, qui n’entra jamais dans les croyances théologiques de l’Eglise, et que les papes ne laissèrent pas introduire dans le bréviaire romain ?

  1. Dante se purifie de ses péchés en traversant le purgatoire. Purgatorio, passim.
  2. Dante est aussi arrêté par. les démons à l’entrée de la cité de Satan, Inferno, XI.