Du reste, on reconnait ici une complication fréquente dans l’histoire littéraire ; je veux dire l’entrelacement de deux sortes d’épopées. Comme des plantes touffues ne peuvent croître ensemble sans se mêler, s’envelopper, se nuire peut-être, de même, dans cette forte végétation poétique, chaque fable pousse des branches qui vont s’entrelacer avec les rameaux voisins. Quand le bon Guérin pose sa lance à la porte du monastère, et qu’on l’y met en prières et en jeûnes, je me doute bien que nous sommes en pleine littérature ecclésiastique, et que le puits de Saint-Patrice a été creusé par les.poëtes légendaires.
En effet, trois poèmes de Marie de France et de deux autres écrivains anglo-normands avaient popularisé cette formidable histoire du purgatoire de Saint-Patrice, rapportée par Matthieu Paris, Jean de Vitry, Vincent de Beauvais on.en connaît une version espagnole qu’on a crue de la main d’Alphonse X, et une traduction italienne dont le dialecte grossier atteste sa prompte propagation dans les derniers rangs du peuple[1]. Un chevalier an-
- ↑ Oeuvres de Marie de France, tom. II ; Delarue, Essais historiques sur les Bardes, etc., tom. Ill, pag. 245 Ferdinand Denis, le Monde enchanté. Au dix-septième siècle, le Purgatoire de S. Patrice est porté sur le théâtre espagnot par Calderon ; et en 1764, on imprimait encore à Madrid la ballade de la Cueva de San Patricio. L’histoire de cette légende a été éclairée par le savant travail de M Wright S. Patrick 's Purgatory an Essay on the legends of purgatory hell and paradise, current during the middle age. Il est impossible de pousser une recherche avec plus