des tréteaux sur l’Arno, au pied du pont alla Carraia, pour y donner le spectacle des diables pourchassant les damnés. Les gens de la ville et des environs avaient été invités à son de trompe à venir savoir des nouvelles de l’autre monde. Le poids des spectateurs fit crouler le pont, et les promesses de la fête se trouvèrent cruellement remplies[1] Tandis que le peuple se réjouissait ainsi, les seigneurs et les nobles dames voulaient des passetemps plus délicats ils s’égayaient aux scènes comiques des chansons et des fabliaux. Les trouvères n’avaient eu garde de négliger un sujet qui mettait leur verve à l’aise, où leur malice avait les coudées franches derrière de faciles allusions. C’est le caractère que je trouve dans les récits du Jongleur qui va en Enfer, du Salut d’Enfer, et de la Cour du Paradis ; du Vilain qui gagna le Paradis par le plaid. Rutebœuf décrit-la Voye de Paradis, qu’il peuple de personnages allégoriques et Raoul de Houdan, après le Voyage de Paradis, où il se fait sans façon montrer sa place, écrit le Songe d’Enfer où il trouve les réprouvés à table, et un couvert pour lui[2] . Je ne méconnais pas ce qu’il
- ↑ Villani, anno 1504. Il ne faut pas croire, avec Denina, que cette triste fête donna la première pensée de la Divine Comédie. Dante n’était, pas à Florence, d’où on l’avait banni deux ans auparavant.
- ↑ Histoire littéraire de France, t. XVIII, p. 787, 790, 793 Legrand d’Aussy, Fabliaux, t. H, p. 22, 30, 36. —Labitte, la Divine Comédie avant Dante, VIII. Je me suis fait un devoir de citer le travail de M. Labitte toutes les fois que je me suis éclairé de ses