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croire qu’un pénitent plus illustre se trouva au rendez-vous. Dante semble avoir du faire partie d’une des ambassades envoyées par les Guelfes de Florence au souverain pontife, dans les premiers mois de l’année[1]. Je reconnais une trace plus certaine de son voyage à cet endroit du poëme où il rappelle « l’étonnement des barbares du Nord découvrant de loin Rome et ses hauts monuments, et la piété des pèlerins qui se reposent dans le parvis, heureux de redire un jour comment l’église était faite[2]. Et afin qu’il ne reste, aucun doute, et que le témoin oculaire se montre par tous les détails, il décrit l’ordre établi par les Romains « pour que l’armée pieuse du Jubilé s’écoulât sur le pont Saint-Ange, en sorte que d’un côté marchaient tous ceux qui allaient à Saint-Pierre, de l’autre ceux qui revenaient vers le Capitole[3]. » A la vue de cette foule immense, comparable au genre humain rassemblé dans la vallée de Josaphat, à ce long cri de repentir qui sortait de tant de bou-

  1. Balbo, Vita di Dante. Dante in patria, x. Il est certain que Dante alla plusieurs fois en ambassade à Rome (Pelli, Memorie) or, il n’y parut qu’une fois depuis son entrée aux fonctions de prieur, le 15 juin 1300. Il faut donc qu’il y ait été envoyé précédemment.
  2. Purgatorio, XXXI, 11, 15.
  3. Inferno XVIII, 10

      Come i Roman per l’esercito molto,
    L’anno del giubileo, sù per to ponte
    Hanno a passar la gente, molto tolto.
    Che dall’un tato tutti hanno la fronte
    Verso, castello e vanno a San Pietro,
    Dall’altra sponda vanno verso il monte.