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Quelle raison détourna le poète de ces sources fréquentées, et le conduisit ailleurs ? Un texte manuscrit de la Bibliothèque royale semble jeter sur ce point une nouvelle clarté. J’y trouve le commentaire de Giacopo fils de Dante, sur l’Enfer ; et après les premières lignes, toutes frémissantes de tendresse, de respect et d’admiration, je m’étonne de lire les aveux que voici : « Il faut savoir que Dante, quand il commença ce traité, était au milieu du cours ordinaire de la vie (qui, selon le poëte, va jusqu’à soixante-dix ans), et qu’il était pécheur et vicieux, et comme dans une forêt de vices et d’ignorance. Et encore que, dans les premiers vers, il use d’un langage détourné pour accuser sa vie, néanmoins il la blâme avec sévérité et se déclare un homme qui vivait charnellement. Le sommeil dont il parle se prend pour le péché et signifie sa vie pécheresse, et les fautes dont il était tout taché et tout plein. Mais lorsqu’il parvint à la montagne, c’est-à-dire à la grâce de la véritable connaissance et du véritable amour, il quitta cette vallée et cette vie de misère[1]. Ainsi le premier chant

  1. Commentaire inédit, de Giacopo, Bibliothèque royale, n°7765. Nel mezzo del cammino ’.,.. Si è da sapere che Dante quando comincio questo trattato era nel mezzo del corso dell’umana vita, cioè nell’etade di XXXII o XXXIII anni, il qual tempo, secondo la commune opinione, è tenuto per mezzo corso della vita. — Il se méprend, ou le copiste se trompe de chiffre : Dante lui-même (Convito, iv) fixe à trente-cinq ans le milieu de la vie. Du reste, les contemporains eux-mêmes ont varié sur l’époque de la naissance de