lyre. Ainsi le génie italien, jeune encore et populaire, devait prendre, pour ainsi dire, à ses pieds et dans la poussière, l’humble idiome dont il allait faire un instrument immortel.
Depuis longtemps déjà chaque province, chaque cité avait son dialecte la ligue lombarde confédéra les cités, les provinces se communiquèrent, et des dialectes rapprochés se dégagea un idiome qui fut celui des cours, des solennités, des fêtes publiques, et qui devint national. C’est l’ouvrage de la seconde moitié du douzième siècle. Au commencement du treizième, saint François paraît, et-cet homme, passionné pour les pauvres, ne veut chanter que dans l’idiome du peuple ; il improvise en italien son Cantique du Soleil. Ce premier cri réveilla des échos qui ne devaient plus se taire. Un moine franciscain de Vérone, Fra Giacomino, écrivit en dialecte vénitien deux petits poëmes, l’un de l’Enfer, l’autre du Paradis, frayant à l’auteur de la Divine Comédie les chemins de l’éternité. Un autre religieux, Giacopone de Todi, errait dans les montagnes de l’Ombrie, composant dans l’idiome inculte du pays, non plus seulement de naïfs cantiques, mais des chants de longue haleine, où il faisait passer toute la théologie mystique de saint Bonaventure, toute la sévérité d’une satire vengeresse, qui ne pardonnait ni aux désordres du peuple, ni aux faiblesses du clergé. Cet homme hardi avait osé