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attentif à ses paroles, car c’est moi qui l’ai envoyé. Après cela, tu as à faire un grand voyage, et puis tu viendras à moi. » Sur ce, le jeune homme se leva aussitôt, et, sentant un grand ébranlement dans son âme, il alla à Saint-Étienne, où il trouva une grande multitude d’hommes et de femmes qui s’y tenaient pour entendre la prédication ; celui qui devait y prêcher était un frère qui avait nom Philippe, des plus anciens de l’Ordre, et qui était venu dans la Marche d’Ancône. Ce frère Philippe monta en chaire il prêcha, non pas avec des paroles de science humaine, mais avec la vertu de l’esprit du. Christ, annonçant le royaume de la vie éternelle.

La prédication finie, ledit jeune homme va trouver frère Philippe, et lui dit : « Père, s’il vous plaisait de me recevoir dans l’Ordre, j’y ferais volontiers pénitence, et j’y servirais Notre-Seigneur Jésus-Christ. » Frère Philippe, reconnaissant en lui une merveilleuse innocence et une volonté prompte à servir Dieu, lui dit : « Tu viendras me trouver tel jour à Recanati et je te ferai recevoir ; » car dans ce lieu devait se tenir le chapitre provincial. Et ce jeune homme, qui était très-pur, pensa que c’était là le grand voyage qu’il lui fallait faire selon la révélation qu’il avait eue, puis qu’il s’en irait en Paradis, ce qu’il croyait devoir arriver aussitôt qu’il serait reçu dans l’Ordre. Il alla donc et fut reçu, et vit que ses pensées