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le baisa à cet. endroit, et lui dit encore : « Mon très-cher fils, Dieu a permis cette tentation pour te faire gagner de grands mérites. Mais, si tu ne veux pas de ce gain, tu ne l’auras pas. » Et. chose merveilleuse, aussitôt que saint François eut dit ces paroles, le frère se sentit délivré de cette tentation, comme s’il ne l’avait jamais éprouvée de sa vie, et il resta tout consolé.


XXIII

De la belle prédication que firent à Assise saint François et frère Ruffin.

Frère Ruffin, par une contemplation continuelle, était si absorbe en Dieu, que, devenu presque impassible et muet, il parlait très-rarement ; et d’ailleurs il n’avait ni la grâce, ni la hardiesse, ni l’éloquence de la prédication. Néanmoins, un jour, saint François lui commanda d’aller à, Assise, et de prêcher au peuple ce que Dieu lui inspirerait. A quoi frère Ruffin répondit : « Révérend père, je te prie de me pardonner et de ne pas m’envoyer, car, tu le sais, je n’ai pas la grâce de la prédication : je suis simple et ignorant. M Alors saint François lui dit : « Parce que tu n’as pas obéi promptement, je te commande par la sainte obéissance de dépouiller tes vêtements, et, ne gardant que tes braies, d’aller à Assise, d’entrer