Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/331

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

remède, d’aller trouver saint François, avec cette pensée : « Si saint François me fait bon visage et se montre familier comme de coutume, je croirai que Dieu m’a pris en pitié ; sinon, ce sera la marqué que je suis abandonné de Dieu. » Il se mit en route et alla trouver saint François, qui, dans ce temps, était gravement malade dans le palais de l’évêque d’Assise ; Dieu révéla au saint toute la tentation et les sentiments de frère Rénier, sa résolution et sa venue. Incontinent saint François appelle frère Léon et frère Masséo, et leur dit : « Allez de suite à la rencontre de mon très-cher fils, frère Rénier ; embrassez-le de ma part, saluez-le, et dites-lui qu’entre tous les frères qui sont dans le monde je l’aime particulièrement. » Ceux-ci allèrent, trouvèrent sur le chemin frère Rénier, et, l’embrassant, ils lui dirent ce que saint François leur avait commandé, dont il ressentit tant de consolation et de douceur dans son âme, qu’il en fut comme hors de lui. Et, rendant grâce Dieu de tout son cœur, il alla et arriva jusqu’au lieu où saint François était couché. Et, bien que saint François fût gravement malade, néanmoins, entendant venir frère Rénier, il se leva et alla au-devant de lui. Il l’embrassa tendrement, et lui dit: « Mon très-cher fils, frère Rénier, entre tous les frères qui sont dans le monde, je t’aime, je t’aime particulièrement. » Et, cette parole dite, il lui fit le signe de la très-sainte croix sur le front,