m’avait prédite, mon mari et moi nous fraudâmes sur le blé et le grain que nous vendions à la mesure. » Ces paroles dites, l’ange qui menait le frère le poussa hors de la fournaise, puis il lui dit : « Prépare-toi, car tu as à faire un horrible voyage. Et celui-ci disait en gémissant : « Oh très-dur conducteur qui n’as aucune compassion de moi,. tu vois que je suis quasi tout brûlé des feux de cette fournaise, et tu veux me mener encore dans un voyage périlleux et plein d’horreur. » Alors l’ange le toucha, et le rendit sain et fort. Puis il le mena vers un pont qu’on ne pouvait passer sans grand péril, parce qu’il était mince, étroit, très-glissant et sans parapets. Au-dessous passait un fleuve terrible, plein de serpents, de dragons et de scorpions, qui jetaient une très-grande puanteur. L’ange lui dit « Passe ce pont ; à toute force il le faut passer. » Et il répondit « Comment pourrais-je le passer, sans tomber dans ce fleuve menaçant ? » L’ange lui dit « Viens après moi, et pose ton pied où tu verras que je poserai le mien, et ainsi tu passeras heureusement. » Le frère marcha donc derrière l’ange, comme celui-ci le lui avait enseigné ; et, arrivé, au milieu l’ange s’envola, et, le laissant, il s’en alla sur une très haute montagne, fort au delà du pont. Et, le frère regardait bien le lieu où s’était envolé l’ange. ; mais, se retrouvant sans guide, et regardant en bas, il vit ces bêtes si terribles se tenir la tête hors de l’eau
Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/325
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.