seule tunique sur le dos, et ne dormait jamais après matines.
Pendant ce temps, saint François quitta cette misérable vie. Donc, le converti ayant continué sa pénitence pendant plusieurs années, il arriva qu’une nuit après, matines, il lui vint une telle tentation de dormir, qu’en aucune manière il ne pouvait résister et veiller comme d’habitude. A la fin, ne pouvant combattre le sommeil ni prier, il alla se jeter sur un lit pour dormir : aussitôt qu’il y eut posé la tête, il fut ravi et mené en esprit sur une très-haute montagne bordée d’un précipice très profond et deçà, delà, on voyait des rochers déchirés et rompus en éclats et tout hérissés de pointes, en sorte que le fond de cet abîme était effroyable à regarder. L’ange qui menait ce frère le poussa avec violence et le jeta dans le précipice ; et lui, bondissant et retombant de pointe en pointe et de roc en roc, il arriva finalement au fond, tout démembré et tout en pièces, ainsi qu’il lui parut. Et, comme il était étendu à terre en si pitoyable état, celui qui le menait lui dit :« Lève-toi, car il te faut faire encore un plus long voyage. » Le frère lui dit :« Tu me parais un homme bien déraisonnable et bien cruel ; tu me vois mourant de cette chute qui m’a brisé de la sorte, et tu me dis de me lever» . Et l’ange s’approche de lui, le touche, lui remet parfaitement tous les membres, et le guérit. Puis, lui montrant une grande plaine