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d’un symbole, quelquefois une sentence ou une prière. Sans doute ces hexamètres barbares outragent souvent la syntaxe et la prosodie mais l’enthousiasme religieux y respire, on y sent le patriotisme héroïque, le génie sacerdotal et guerrier du siècle qui osa asseoir sur des pilotis, au milieu de la mer, ces coupoles rivales de Sainte-Sophie. Autour de la grande arcade du chœur, on lit cette invocation au patron de la cité « Marc, vous couvrez de votre doctrine l’Italie, l’Afrique de votre tombeau, Venise de votre présence, et, comme un lion, vous les protégez de vos rugissements. »

Italiam, Libyam, Venetos, sicut leo, Marce.
Doctrina, tumulo, requie[1], fremituque tueris.

D’autres fois le poëte a voulu que les murailles saintes eussent des avertissements pour les grands de la terre. Quand le doge, descendant de son palais, entrait à l’église, en passant devant l’autel de Saint-Clément, il pouvait y lire ces paroles, gravées en lettres d’or sur un marbre moins corruptible que le cœur de ses courtisans « Aime la justice, rends à tous ce qui leur est dû. Ô doge ! que le pauvre et la veuve, le pupille et l’orphelin, espè-

  1. Ces deux vers résument l’histoire de saint Marc. disciple de
    saint Pierre, chargé d’abord par le chef des apôtres d’évangéliser
    le nord de l’Italie ; puis évêque d’Alexandrie, où il eut son tombeau,
    et d’où les Vénitiens enlevèrent les reliques pour leur donner un
    repos glorieux au bord des lagunes.