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gloire du Paradis. » Et il demanda : « Qui sont ces deux qui resplendissent plus que les autres ? » Ils répondirent : « Ceux-ci sont saint François et saint Antoine, et ce dernier que tu as vu si honoré est un saint frère, qui mourut nouvellement et parce qu’il combattit vaillamment contre les tentations et persévéra jusqu’à la fin, nous le menons en triomphe à la gloire du Paradis. Or ces vêtements d’étoffes si belles, que nous portons, nous sont donnés de Dieu en échange de nos rudes tuniques, que nous avons portées patiemment en religion ; et la glorieuse clarté que tu vois en nous, nous est donnée de Dieu pour l’humilité, la patience, la sainte pauvreté, l’obéissance et la chasteté que nous avons gardées jusqu’à la fin. Maintenant, mon fils, qu’il ne te soit plus pénible de porter le sac de la religion, qu’on porte avec tant de fruit. Car, si avec le sac de saint François, pour l’amour du Christ, tu méprises le monde, tu mortifies ta chair et tu combats vaillamment contre le démon, tu auras aussi comme nous ces beaux vêtements et cette clarté de gloire. » Ces paroles dites, le jeune homme revint en lui-même ; et, la vision l’ayant raffermi, il chassa de lui toutes les tentations, il confessa sa faute devant le gardien et les frères depuis ce jour il aima la rigueur de la pénitence et la rudesse des vêtements, et il finit sa vie dans l’Ordre avec une grande sainteté.