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saint François, la vigne dépouillée de raisins avait abondé en vin, de même le peuple chrétien, stérile en vertus par le péché, mais corrigé par les mérites et la doctrine de saint François, abondait souvent en fruits salutaires de pénitence.

XV

D’une très-belle vision que vit un jeune frère qui avait la cape en telle abomination, qu’il était prêt à quitter l’habit et sortir de l’Ordre.

Un jeune homme, très-noble et d’habitudes délicates, entra dans l’Ordre de saint François, et après quelques jours il commença, par l’instigation du démon, à prendre en si grande abomination l’habit, qu’il lui semblait porter un misérable sac : il avait horreur des manches, il détestait le capuchon, et la longueur et la rudesse du vêtement lui paraissaient un poids insupportable. L’Ordre venant à lui déplaire toujours davantage, il eut finalement le désir de quitter l’habit, et de retourner au monde. Ce jeune homme avait pris l’habitude, selon ce que lui avait enseigné son maître, à quelque heure qu’il passât devant l’autel du couvent, où se conservait le corps du Christ, de s’agenouiller avec grand respect, en tirant son capuchon, et de se prosterner les bras en croix. Il advint que, la nuit où il devait partir et quitter