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qu’on peut le voir par ce pain de l’aumône, par cette table formée d’une pierre si belle, et par cette fontaine si claire. C’est pourquoi je veux que nous demandions à Dieu de nous faire aimer le noble trésor de la très-sainte Pauvreté, qui a Dieu même à son service. » Ces paroles dites, ayant prié, et fait leur repas de ces morceaux de. pain et de l’eau de la fontaine, ils se levèrent pour cheminer vers la France.

Or, comme ils arrivaient à une église, saint François-dit à son compagnon : « Entrons dans cette église et prions » et saint François, allant devant l’autel, se mit en prière, et dans cette oraison il reçut de la visite de Dieu une ardeur croissante qui enflamma si fortement son âme de l’amour de la sainte Pauvreté, qu’à l’éclat de sa figure et au frémissement de ses lèvres il semblait qu’il jetât dès flammes d’amour. Il vint donc tout embrasé à son compagnon, et lui dit :« Ah ! ah! ah! frère Masséo, il faut t’abandonner à moi. » ! Il parla ainsi trois fois ; à la troisième fois, il souffla sur frère Masséo, et celui-ci se sentit ravi et alla tomber devant le saint à la distance d’une longue lance. Sur quoi frère Masséo fut frappé d’une grande stupeur, et dans la suite il redit à ses compagnons que, dans ce ravissement, il avait goûté tant de douceur et une telle consolation du Saint-Esprit, que de sa vie il n’en avait tant éprouvé. Et cela fait, saint François dit : « Mon compagnon, allons à saint Pierre et