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et de sagesse : « Nimium cito decidisti, Constantia, mirum pulchristudinis atque idonitati (sic) ». Cependant Constance était morte martyre, et la fiole teinte de sang désignait sa tombe à la vénération des fidèles. Mais la jeune sainte n’avait que dix-huit ans, et l’Église pardonna le cri des entrailles paternelles. Quelquefois on sent dans ce peu de mots toute la terreur des jugements divins ; comme dans la prière suivante que le chrétien Benirosus avait tracée sur la tombe de son père : « Seigneur, ne venez pas nous surprendre, quand notre esprit est couvert de ténèbres : « Domine, ne quando adumbretur spiritus veneris. » D’autres fois, la pensée de la résurrection éclate au milieu du deuil et des pleurs la famille du chrétien. Severianus invoque pour lui Celui qui fait revivre les semences enfouies dans le sillon :

Vivere qui praestat morientia semina terrae,
Solvere qui potuit lethalia vincula mortis !

Nous arrivons à la seule poésie vraiment digne de ce nom, à celle qui s’exprime par la parole, qui s’exprime en vers : elle ne se taira plus, et le moment approche où le poëte Prudence célébrera les catacombes et leurs martyrs dans les mètres de Virgile et d’Horace. Mais jusqu’ici tout est resté populaire, tout est barbare, et je m’en réjouis. Dans ces inscriptions latines écrites en lettres grecques, hérissées de fautes d’orthographe, de fautes