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mité avec l’Homme-Dieu, et le livre des Petites Fleurs s’attache d’abord à relever ces ressemblances. Il prend ensuite le Pénitent d’Assises au moment de sa conversion, et le suit jeûnant au désert, évangélisant l’Ombrie et la Toscane, annonçant la foi au soudan de Babylone. On ne saurait dessiner avec plus de pureté cette figure mortifiée, et pourtant pleine de grâce et de force ; cette vie presque immatérielle d’un saint qui semble avoir rompu toutes les attaches de la terre, et qui cependant pénètre plus profondément que les hommes d’État dans les douleurs, les périls et les besoins de son temps. Autour de lui se groupent ses disciples avec une grande variété de caractères. C’est frère Léon, son compagnon préféré, qu’il nommait la petite Brebis de Dieu ; c’est Bernard le théologien, dont l’intelligence avait le vol de l’aigle. C’est saint Antoine de Padoue, entraînant les populations suspendues à sa parole, et quand les hommes fermaient les oreilles, descendant au bord de la mer, et prêchant aux poissons. C’est enfin la douce image de sainte Claire, qui tempère, pour ainsi dire, l’austérité de ces peintures monastiques. Jamais, d’ailleurs, action chantée par les poëtes ne fut plus hardie. Il s’agit de fonder une cité nouvelle, et, dans un siècle de violence et d’indiscipline, il faut créer un peuple obéissant, chaste et charitable. Tout s’intéresse à un si grand dessein : la nature entière y concourt ; les bêtes des forêts donnent aux pécheurs l’exemple