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essaim de peintres. Ce fut d’abord l’infatigable Giotto, puis ses disciples Stefano et Taddeo Gaddi puis Giottino, fils de Stefano, et Angelo, fils de Taddeo ; car en ces temps héroïques le pinceau devenait héréditaire comme l’épée. Ils représentèrent dans une longue série de fresques la Croix révélée à sainte Hélène, et portée en triomphe par l’empereur Héraclius ; l’histoire de la Vierge, en y rattachant les gracieux récits de l’Évangile de la Sainte Enfance ; la légende de sainte Madeleine, pour la consolation des pauvres pécheurs ; le martyre des Apôtres, pour l’encouragement de ceux qui allaient prêcher aux Sarrasins et aux Tartares ; enfin la vie et les miracles de saint François. Orcagna, le peintre des justices éternelles, était venu clore ces tableaux par la Vision du Jugement dernier. Toutefois, ne pensons point que les artistes de Sainte-Croix aient cru leur œuvre terminée : c’était leur gloire de ne terminer jamais. Après l’église, ils décoraient la sacristie, le réfectoire ; Giotto exécuta pour une armoire vingt-six petites compositions d’un prix inestimable. Peu à peu les ouvrages d’art, ne trouvant plus de place dans le saint lieu, vinrent s’entasser dans les galeries et les salles adjacentes ; on y a recueilli des terres cuites de Luca della Robbia, de vieux Christs byzantins, des peintures d’anciens maîtres, depuis Cimabuë jusqu’au bienheureux Angelico de Fiesole. Sainte-Croix est devenue un musée où le Mendiant d’Assise a réuni