la décadence du moyen âge. Ils en virent tout le mai, et trop peu le bien ils crurent à sa ruine, et tous deux, comme ce Juif de Jérusalem, allèrent, sur les remparts croulants de la société, crier « Malheur à la ville ! malheur au temple »! Jacopone fait plus, et, par un exemple quelquefois répréhensible, il favorise les libertés que Dante ne se refusera pas. Après tout, le vieil Alighieri aima l’Église comme il aima sa patrie, avec sévérité, mais avec passion. S’il eut des paroles dures, des paroles injustes pour plusieurs papes, sans cesser de vénérer en eux la puissance des clefs, quelles injures n’eut-il pas pour Florence ? Et cependant qui pourrait dire qu’il n’aimait pas sa patrie, quand tout son désir était de s’en faire rouvrir les portes, et, comme il le dit, d’aller finir ses jours « dans le beau bercail où il dormit petit agneau ? » Enfin, comme poëte populaire, nous avons entendu Jacopone chanter dans le dialecte des paysans dé l’Ombrie. De là l’inégalité prodigieuse de son style, où il porte tour à tour les inspirations de la Bible, les formules de l’école, quelquefois la délicatesse des troubadours, mais bien plus souvent la grossièreté des chevriers et des bûcherons. Mais de là aussi ces nouveautés de langage, ces alliances de mots, ces figures que n’aurait jamais trouvées le poëte d’une société plus polie et moins naïve. On chemine, pour ainsi dire, à travers ses poésies comme à travers les belles montagnes qu’il habita
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