tiers servir que.par leurs pareils. D’un autre côté, l’aumône que les disciples de saint François reçoivent, celle que le christianisme prêche et bénit, n’est point l’encouragement de l’oisiveté. L’aumône est la rétribution des services qui n’ont pas de salaire. Les grands services sociaux, ceux dont une nation ne se passe jamais, ne peuvent ni s’acheter, ni se vendre, ni se tarifer à prix d’argent, La société paye la denrée du marchand, mais elle ne paye ni le sacrifice du prêtre, ni la justice du juge, ni le sang du soldat. Seulement, elle leur donne le pain pour qu’ils continuent de vivre et de servir, mais elle le leur mesure avec une parcimonie honorable, précisément pour qu’il soit manifeste qu’elle n’a pas prétendu les payer. De même l’ouvrier valide qui donne son travail reçoit le salaire ; mais le pauvre qui souffre, qui mérite, qui, dans l’Eglise, représente et continue le Christ, le pauvre reçoit l’aumône. Voilà pourquoi les grands ordres religieux du moyen âge, les plus savants, les plus actifs, firent profession de recevoir l’aumône publiquement, la rendant ainsi à jamais respectable ; car qui pouvait dire désormais que la société humiliât le pauvre, quand elle rétribuait ses mérites du même prix que l’enseignement de saint Bonaventure et de saint Thomas d’Aquin ?
Les intentions de Jacopone ne furent pas trompées. Pendant que tant de poëtes attendirent vaine-