ce soit chose injuste d’aimer toujours la pauvreté ? » Nous savons que cette pauvreté glorifiée, donnée en spectacle au moyen âge par saint François et ses disciples, n’a pas eu les louanges des modernes. On accuse l’Église d’avoir réhabilité, non la pauvreté même, mais la mendicité, mais l’aumône, qui humilie le pauvre, qui l’oblige et le constitue redevable. On reproche à la société chrétienne d’avoir inventé la charité pour se dispenser de la justice. Mais pour nous, la mendicité et l’aumône sont deux conditions inséparables de toute la destinée humaine. Nous croyons que la Providence, avant l’Église, a pris soin d’obliger l’homme à l’homme et les générations aux générations par un enchaînement de bienfaits dont on ne s’acquitte pas, et qu’elle a su mettre les plus fiers dans la nécessité de demander la charité et de la recevoir.D’un côté, il n’est pas d’homme si libre qui ne soit redevable au moins à son père, à sa patrie ; qui ne soit pauvre des biens de la terre ou des biens de l’intelligence, qui ne les attende d’autrui. Quel savant ne s’est assis aux pieds d’autres plus savants que lui, et ne leur a mendié des lumières ? Les heureux mendient des plaisirs, et les affligés qui viennent pleurer auprès de vous mendient une de vos larmes. Au milieu de cette mendicité universelle des hommes, saint François se fit mendiant comme eux pour les servir ; car les malheureux ne se laissent volon-
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