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vrette, l’Humilité est ta sœur ; il te suffit d’une écuelle et pour boire et pour manger[1] .- Pauvreté ne veut que ceci : du pain, de l’eau et un peu d’herbes. Si quelque hôte lui vient, elle y ajoute un grain de sel.- Pauvreté chemine sans crainte ; elle n’a pas d’ennemis ; elle n’a pas peur que les larrons la détroussent. –Pauvreté frappe à la porte des gens ; elle n’a ni bourse ni besace ; elle ne porte rien avec elle, si ce n’est son. pain. –Pauvreté meurt en paix ; elle ne fait pas de testament ; on n’entend point parents et parentes se disputer son héritage.— Pauvreté, pauvrette, mais citoyenne du ciel, nulle chose de la terre ne peut réveiller tes désirs.— Pauvreté, grande monarchie, tu as le monde en ton pouvoir, car tu possèdes le souverain domaine de tous les biens que tu méprises. —Pauvreté, science profonde ; en méprisant les richesses, autant la volonté s’humilie, autant elle s’élève à la liberté ; –Pauvreté gracieuse, toujours en abondance et en joie qui peut dire que

  1. Jacopone, lib. II, 4.

    Dolce amor di povertade,
    Quanto ti degiamo amare
    Povertade poverella
    Umiltade è tua sorella ;
    Ben ti basta la scodella ;
    E al bere e a mangiare.

    Cette pièce et quelques autres compositions de Jacopone ont été

    publiées par M. Chavin de Malan, à la suite de son Histoire de saint François d’Assise .