Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

main, et que sur la croix ils l’ont étendue ; ils la fendent d’un gros clou, tant ils ont enfoncé le fer. Maintenant, c’est l’autre main qu’ils prennent ; ils l'étendent sur la croix, et la douleur s’embrase à mesure qu’elle se multiplie. Madame, le moment est venu de percer les pieds ; on les cloue au bois, et, par le poids qu’ils supportent, ils ont rompu tout le corps. »

LA VIERGE. « Et moi, je commencerai le chant funèbre. Ô fils qui fus ma joie ! Qui a tué mon fils ?... Ils auraient mieux fait de m’arracher le cœur...  »

LE CHRIST. « Femme, pourquoi te plains-tu ? Je veux que tu survives, que tu me sois en aide aux compagnons que je me suis donnés sur la terre. »

LA VIERGE. « Mon fils, ne parle point de la sorte. Avec toi je veux mourir je veux monter sur la croix, et mourir à ton côté. Ainsi le fils et la mère auront la même sépulture, puisque le même malheur jette dans le même abîme la mère et le fils. »

LE CHRIST. « Femme, je remets dans tes mains mon cœur affligé. Jean, mon bien-aimé, sera nommé ton fils. Jean, ma mère est à toi, reçois-la charitablement ; prends pitié d’elle, car son cœur est percé. »

LA VIERGE. « Mon fils, l’âme s’est échappée de tes lèvres. Ô mon fils innocent ! ô mon fils resplendissant, qui es allé éclairer un autre monde,