liturgie solennelle, avait fait place aux cantiques familiers : elle tolérait le chant des épîtres farcies et la représentation des mystères. Toutefois ces drames religieux, qui faisaient la joie du peuple de ce côté des monts, semblent avoir pénétré plus tard en Italie. Si l’on trouve les mystères représentés au treizième siècle à Padoue, à Florence, dans le Frioul[1] , rien ne prouve encore que la poésie s’y joignît à la mise en scène. Je crois découvrir dans les écrits de Jacopone les premiers essais du drame populaire en langue italienne. On y remarque, en effet, une suite de poëmes pour les principales fêtes de l’année : pour la Nativité, la Passion, la Résurrection, la Pentecôte, l’Assomption ; pour les anniversaires de saint François, de sainte Claire, de saint Fortunat, patron de Todi. Mais souvent le génie du poëte ne peut se contenir dans le récit de l’action ; il faut qu’il y assiste, qu’il voie les personnages, qu’il les fasse voir, et que, s’effaçant derrière eux, il laisse l’auditoire ravi d’avoir entendu le Christ lui-même, les anges et les saints. Je distingue plusieurs pièces dont les rôles et les dialogues semblent distribués pour une récitation publique : c’est le Sauveur et les deux disciples d’Emmaüs ; ce sont les apôtres recevant l’Esprit-Saint et se partageant le monde[2] . C’est surtout
Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/220
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.