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le pécheur devant le tribunal du souverain Juge, et donne la parole au démon. « Seigneur, dit Satan, tu créas cet homme selon ton bon plaisir, tu lui prêtas le discernement et la grâce cependant il ne garda jamais un de tes commandements. Il est juste qu’il soit récompensé par celui qu’il a servi. –Il savait certes ce qu’il faisait, quand il’ exigeait l’usure, quand il donnait fausse mesure au pauvre. A ma cour il aura tel payement que de raison.- S’il voyait quelque assemblée de dames et de damoiseaux, il y courait avec ses instruments et ses chansons nouvelles c’est ainsi qu’il séduisait les jeunes-gens. A ma cour j’ai des pages qui lui enseigneront à chanter. » Aux accusations de Satan, l’ange gardien ajoute son témoignage la sentence est prononcée. Les démons enlèvent le coupable ; d’une grande chaîne ils l’ont étroitement lié, ils l’emmènent durement en enfer. « Venez, crie l’escorte armée de fourches, venez au-devant du damné. » Tout le peuple infernal se rassemble, et le pécheur est mis au feu[1]. Les femmes, qui ont inspiré tant de poëtes, devaient échauffer aussi la verve des satiriques. Mais

  1. Jacopone, IV, 10

    Quando t’allegri, o huomo, di altura,
    Va, poni mente a la sepoltura.

    Ibid. 12 :

    O signor Christo pietoso,
    Deh perdona il mio peccato.