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le voyage d’ici-bas, il a le pressentiment du paradis[1]. Quand l’homme pour la première fois pécha, il troubla tout l’ordre de l’amour il se complut tellement dans l’amour de lui-même, qu’il se préféra au Créateur et la Justice s’indigna si fort, qu’elle le dépouilla de tous ses priviléges. Chaque vertu l’abandonna, et le démon devint son maître. La Miséricorde, voyant l’homme si tombé et perdu avec toute sa race, réunit incontinent ses filles : dans leur nombre elle choisit une fidèle messagère, et lui commande d’aller chercher l’homme là-bas sur cette terre, où il est frappé de désespoir. Madame la Pénitence, chargée de l’ambassade, s’est, trouvée prête avec tout son cortège. La Pénitence mit d’abord dans le cœur de l’homme la crainte, qui jeta dehors la fausse sécurité ; elle y mit la honte, puis enfin une grande douleur d’avoir offensé Dieu. Mais par aucun moyen l’homme ne pouvait satisfaire.

  1. Jacopone, lib. II, 2 :

    L’uomo fu creato virtuoso
    Volselo disprezzar per sua follia
    Il cadimento fu pericoloso,
    La luce fu tornaia in tenebra
    li risalire posto e fatigoso  ;
    A chi nol vede par grande follia,
    A chio passa pargli glorioso,
    E paradiso sente in questa via.