école qui commençait à Denys l’Aréopagite pour continuer avec Scot Érigène, Hugues et Richard de Saint-Victor, jusqu’à saint Bernard. En Italie surtout, l’inspiration mystique, descendue dans les solitudes de Fonte Avellana, de Vallombreuse et de Flora, avait suscité plusieurs générations de contemplatifs. Les esprits réveillés par les grands cris de saint Pierre Damien, entraînés par les révélations de l’abbé Joachim jusqu’au bord du mysticisme hétérodoxe, menaçaient d’y tomber, quand saint Bonaventure les ramena par des chemins moins périlleux, et les arrêta à une élévation d’où ils purent contempler Dieu sans vertige. Jacopone suivit ces guides ; à chaque pas on le surprend pénétré de leurs souvenirs, ou, pour mieux dire, illuminé de leurs feux.
Avant de commencer l’analyse d’un système attaquable en plusieurs points, il faut déclarer qu’il existe un mysticisme inattaquable, vrai, qui fait le fond de toute la religion. Car toute la religion se propose d’unir l’homme à Dieu par l’amour, par la grâce, par des communications surnaturelles. Sans ce mysticisme nécessaire, il n’y a pas de théologie chrétienne ; il inspire saint Thomas comme Bossuet ; et c’est l’artifice des incroyants de le confondre injustement avec les doctrines particulières où l’erreur se mêle à la vérité.
Le point de départ de la philosophie mystique est de reconnaître en nous des intuitions lumineuses