temps que le Stabat du Calvaire, il avait voulu composer le Stabat de la crèche, où paraissait la Vierge mère dans toute la joie de l’enfantement. Il l’écrivit sur les mêmes mesures et sur les mêmes rimes ; tellement qu’on pourrait douter un moment lequel fut le premier, du chant de douleur ou du chant d’allégresse. Cependant, la postérité a fait un choix entre ces deux perles semblables et, tandis qu’elle conservait l’une avec amour, elle laissait l’autre enfouie. Je crois le Stabat Mater speciosa encore inédit ; et, quand j’essaye d’en traduire quelques strophes, je sens s’échapper l’intraduisible charme de la langue, de la mélodie, et de la naïveté antique. « Elle était debout, la gracieuse Mère auprès de la paille elle se tenait joyeuse, tandis que gisait son enfant. Son âme réjouie, tressaillante et tout embrasée, était traversée d’un rayon d’allégresse. Quel est l’homme qui ne se réjouirait pas, s’il voyait la Mère du Christ dans un si doux passe-temps ? –Qui pourrait ne point partager sa félicité, s’il contemplait la Mère du Christ jouant avec son jeune fils ? Pour les péchés de sa nation, elle vit le Christ au milieu des bêtes, et livré à la froidure. Elle vit le Christ, son doux enfant, vagissant, mais adoré, sous un vil abri. Devant le Christ né dans la crèche, les citoyens du ciel viennent chanter avec une immense joie. Debout se tenaient le vieillard et la Vierge, sans parole et
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