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l’ouïe, la vue, le goût, l’odorat et le toucher. Si je sors de moi par la vue, tout ce que je vois est amour. Dans toutes les formes, c’est toi qui te peins, toi sous toutes les couleurs...- Si je sors par la porte de l’ouïe pour trouver la paix, que signifient pour moi les sons ? C’est encore toi, Seigneur ; et tout ce que j’entends ne parle que d’aimer. -Si je sors par la porte du goût, par celles de l’odorat et du toucher, je retrouve ton image en toute créature. Amour, que je suis insensé de vouloir te fuir ! -Amour, je vais fuyant pour ne point te livrer mon cœur. Je vois que tu me transfigures et que tu me fais devenir amour comme toi, si bien que je n’habite plus dans mon cœur, et que je ne sais plus me retrouver. -Si j’aperçois dans un homme quelque mal, ou vice, ou tentation, je me transforme et j’entre en lui je me pénètre de sa douleur. Amour sans mesure, quelle âme chétive tu as entrepris d’aimer ! Ô Christ mort ! mets la main sur moi, tire-moi de la mer au rivage. Ici tu me fais languir à la vue de tes plaies. Ah pourquoi les as-tu souffertes ? Tu l’as voulu pour me sauver. »

Vers la fin de 1506, Jacopone, chargé d’années, tout brisé des étreintes de l’amour divin, tomba