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Jean à souffrir, comme le vase de métal souffre les coups du marteau qui le façonnent. Ils rappelaient que la douleur est expiatoire pour le pécheur, glorieuse pour l’homme sans péché. Le présent qui accompagnait cette épître se composait de deux sentences latines : « J’ai toujours considéré et je considère comme une grande chose de savoir jouir de Dieu.. Pourquoi ? Parce que dans ces heures de jouissance l’humilité s’exerce avec respect. Mais j’ai considéré et je considère comme la plus grande chose de savoir rester privé de Dieu. Pourquoi ? Parce que dans ces heures d’épreuve la foi s’exerce sans témoignage, l’espérance sans attente de la récompense, et la charité sans aucun signe de la bienveillance divine[1].. » C’est tout l’abrégé de l’ascétisme chrétien, et l’ Imitation n’a pas de doctrine plus solide.

Mais en même temps les cantiques de sainte Thérèse et de saint Jean de la Croix n’ont pas de langueurs plus passionnées que le petit poëme suivant, ouvrage de la vieillesse de Jacopone, et comme le dernier son de cette corde qui allait se briser : « Ô amour, divin amour pourquoi m’avoir assiégé ? Tu sembles épris de moi jusqu’à la folie je ne te laisse point de repos. Tu as mis le siége devant mes cinq portes :

  1. Jacopone, Poesie spirituali, lib.II, XXI.