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au Pape une seconde lettre, plus humble et plus suppliante[1] : « Le pasteur, pour mon péché, m’a mis hors la bergerie et mes bêlements ne m’en font point rouvrir la porte. Ô pasteur ! pourquoi ne point te réveiller à mes gémissements ? Longtemps j’appellai, mais je ne fus pas entendu. Je suis comme l’aveugle qui criait sur le chemin. Quand les passants le reprenaient, il ne criait que plus fort «  Ô Dieu ! prenez pitié de moi. -Que me demandes-tu ? dit le Seigneur. -Seigneur, que je revoie la lumière! que je puisse à haute voix chanter l’Hosanna des enfants !» Je suis le serviteur du centurion, et je ne mérite point que tu descendes sous mon toit. Il suffit que par écrit me soit donnée l’absolution ta parole me tirera du milieu des pourceaux. Il y a trop longtemps que je reste couché sous le portique de Salomon, au bord de la Piscine. Un grand mouvement s’est fait dans les eaux en ces jours de pardon. Le temps passe, et j’attends encore qu’il me soit dit de me lever, de prendre mon lit, et de retourner à ma demeure. La jeune fille était morte dans la maison du

  1. Jacopone, Poesie spirituale lib. I., sat. 19

    Il pastor, per mio peccato,
    Posto m’ ha fuor de l’ ovilo.