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le meurtrier d’un saint, si l’abdication de Célestin était licite, le pouvoir de Boniface légitime. Voilà les formidables questions qui se soulevaient de toutes parts, quand le 10 mai 1297, deux cardinaux ennemis du Pape, Jacques et Pierre Colonna, réunis avec un petit nombre de leurs partisans au château de Lunghezza, près de Rome, osèrent protester, par un acte solennel, contre l’élection de Boniface VIII, et, comme usurpateur du Saint Siège, le citèrent au jugement du prochain concile universel[1] .

Jacopone eut le malheur de paraître dans l’acte, comme témoin requis pour en certifier l’authenticité par conséquent, il encourut l’excommunica-

  1. Dupuy, Preuves du différend de Philippe le Bel avec Boniface VIII :

    « Actum in castro Longetiæ in territorio Romano, in domo domini Petri de Comite, præsentibus venerabilibus viris Richardo de Montenigro, præposito Remensi et domino Tommasio de Montenigro, archidiacono Rhotomagensi ; dom. Jacobo de Labro, canonico Carnutensi magistro Alberto de Castiniate. canonico Ebrodunensi magistro Johanne de Gallicano, domini papae scriptore canonico ecclesiæ S. Reguli Silvanectensis ; ac religiosis viris fratre Jacobo Benedicti de Tuderto, fratre Deodato Rocci de Montepenestrino, ac fratre Benedicto de Perusio, ordinis Fratrum Minorum, testibus ad praemissa vocatis specialiter et rogatis, sub anno Domini MCCXCVII, decima indictione, die Veneris, decima mensis maii, in aurora ante solis ortum. »

    J’ai rapporté ces signatures, parce que j’y remarque, parmi les adhérents des Colonna, cinq archidiacres ou chanoines des églises de Reims, Rouen, Chartres, Embrun et Senlis. Je crois reconnaître ici une trace de la politique de Philippe le Bel, dont les émissaires semblent déjà traiter avec les ennemis de Boniface VIII, à une époque où la querelle du roi et du pape était encore loin de ses derniers éclats.