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philosophie, monte jusqu’en présence de Dieu. Je vous abandonne les vieux livres que j’aimai tant, et les rubriques de Cicéron dont la mélodie m’était si douce. Je vous laisse le son des instruments et les chansonnettes, les dames et demoiselles jolies, leurs artifices, et leurs flèches qui portent la mort, et toutes leurs subtilités. A vous tous les florins, les ducats et les carlins, et les nobles et les écus génois, et toute marchandise de même-sorte. Je vais m’essayer dans une religion puissante et dure si je suis airain ou laiton : c’est ce que l’épreuve montrera bientôt. -,Je vais à une grande bataille, à un grand effort, un grand labeur. Ô Christ ! que ta force m’assiste si bien, que je sois victorieux ! Je vais aimer d’amour la croix dont l’ardeur déjà m’embrase, et lui demander d’une humble voix qu’elle me pénètre de sa folie. Je vais me faire une âme contemplative, et qui triomphe du monde je vais trouver la paix et la joie dans une très-douce agonie. Je vais voir si je puis entrer en paradis par le chemin dont je m’avise, pour y goûter les chants et les sourires d’une compagnie immortelle. Seigneur, donne-moi de savoir et de faire ta volonté ici-bas, puis je ne m’inquiète plus si c’est ton plaisir de me damner ou de me sauver .[1] »

  1. Je renvoie au moment où je m’occuperai des œuvres de Jaco-