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L’église d’Ara Coeli est bien plus ancienne que l’Ordre de Saint-François. Dès les premiers siècles, une basilique chrétienne s’était élevée sur les ruines du temple de Jupiter Capitolin~à l’endroit même où, selon la tradition populaire, la sibylle avait montré à Auguste le ciel ouvert, et , debout sur un autel, la Vierge tenant son enfant dans ses bras, pendant qu’une voix venue d’en haut disait « Cet autel est celui du Fils de Dieu. » De là le’nom d’Ara Coeli et le respect des peuples pour ce sanctuaire déjà vieux, quand Innocent IV, en 1252, en confia la garde aux Frères Mineurs. C’est par leurs soins que l’église acheva de prendre ce caractère sévère et gracieux qui en fait un des lieux les. plus attachants de cette Rome, dont on ne sait pas se détacher. Au dehors, la façade est pauvre et nue ; à l’intérieur, vingt-deux colonnes de granit forment trois nefs avec toutes les dispositions principales des basiliques primitives, avec les deux ambons pour la lecture des Livres saints. Ajoutez à ces beautés une mosaïque où Cavallini, ce pieux disciple de Griotto, représenta la prophétie de la sibylle ; puis la chapelle de saint Bernardin de Sienne, toute rayonnante des fresques de Pinturicchio enfin, si l’on sort par le portail latéral, une longue échappée de vue sur le Forum, le Colisée, et le désert de la campagne romaine. C’est bien l’image de cette vie prêchée par saint François, où tout est pauvreté au dehors, grâce au de-