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ger d’autres monuments qui feraient à eux seuls l’orgueil de bien des villes. Telle est l’église de Sainte-Marie la Glorieuse, élevée par les Frères Mineurs en ’1250, pendant que les Frères Prêcheurs bâtissaient, de l’autre côté du grand canal, l’église des saints Jean et Paul. Là, comme à Bologne, comme à Florence, on trouve les deux milices de saint Dominique et de saint François campées aux deux bouts de la ville pour la garder, et rivalisant de génie dans leurs édinces comme de zèle dans leurs œuvres. Les Dominicains eurent plus d’artistes parmi eux, les Franciscains en inspirèrent davantage hors de leurs rangs. Pour construire leur sanctuaire de, Venise, ils ne trouvèrent pas que ce fût trop d’appeler Nicolas de Pise, ce grand homme qu’on voit, comme Arnolfo di Lapo, comme Cimabuë, au berceau de la renaissance italienne. Il ébaucha la façade austère et sans ornements qui convenait à une église de mendiants ; mais il la perça d’un portail admirable, pour inviter franchir le-seuil. A l’intérieur tout fut grand les trois nefs eurent les proportions d’une cathédrale, et l’abside, avec ses longues fenêtres et ses vitraux resplendissants, s’élança vers le ciel, comme afin d’y suivre la bienheureuse Vierge Marie dans son triomphe. Le peuple italien, si bien inspiré dans les invocations sous lesquelles il met ses églises, a donné à celle-ci le nom de Glorieuse, et c’est à l’ombre de cette gloire pacifi-