gage la pensée d’une félicité toute spirituelle, toute contenue dans la contemplation de la Vérité infinie, dans le progrès perpétuel de l’intelligence et de l’amour. Le vieux poète de Vérone ne pense pas autrement. Tout est figure, allégorie dans ses récits. Au fond, il ne connaît d’autre paradis que de voir Dieu face à face, de s’éclairer de sa lumière, de s’embraser de sa charité et aucun trait ne le relève plus à mes yeux, dans un siècle si violent, si ensanglanté, si tourmenté de haines et d’ambitions, que l’idée d’un ciel où « les élus s’aimeront d’une tendresse si délicate, que chacun tiendra l’autre pour son maître. »
On pourra trouver que je me suis arrêté aux poëmes de Frà Jacomino avec cet excès de complaisance que les Christophe Colomb des bibliothèques ont trop souvent pour leurs découvertes bibliographiques. Cependant je n’ai pas pensé découvrir un monde dans ce peu de vers, mais seulement, une feuille qui méritait d’être rattachée à la couronne poétique de l’Ordre de Saint-François. Avant d’aller plus loin, et pour achever l' histoire du génie franciscain pendant cette seconde période, il reste à parler des trois édifices où il laissa des traces immortelles : je veux dire Sainte-Marie la Glorieuse de Venise, Saint-Antoine de Padoue, et, à Rome, l’église d’Ara Cœli.
Ceux qui visitent Venise, ravis par les incomparables beautés de Saint-Marc, ont le tort de négli-