Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

«  Mais la souveraine joie, celle qui dépasse tous les plaisirs, est de contempler la face de ce doux Seigneur. Heureux l’homme à qui Dieu se laisse voir au ciel ! C’est cette vue qui rajeunit les bienheureux musiciens, et leur cœur en reverdit, leurs yeux en rayonnent, leurs pieds en bondissent, et leurs mains~ s’agitent comme pour mener une danse. Et plus ils contemplent, plus ils jouissent ils sont pénétrés d’un amour si délicat, que chacun d’eux tient l’autre pour son maître. L’œil et l’intelligence deviennent si subtils, que du ciel jusqu’à la terre ils découvrent toutes choses. Ces saints vivent dans la certitude qu’ils ne mourront jamais d’aucune mort, mais qu’ils demeureront dans la vie, la joie et la paix. Ceci est vérité, et l’Écriture le dit, qu’il n’y a d’autre gloire ni d’autre paradis que de voir la face et le beau visage du Dieu tout-puissant, devant lequel se tiennent les chérubins, faisant grande procession soir et matin, et priant pour nous, chétifs et petits.

« Mais, après ce que j’ai dit, mon coeur ne peut souffrir que je passe sous silence le siège royal de la Vierge Marie, et combien elle est près de Dieu, à sa droite, au-dessus de tous les anges dont la splendeur éclaire le ciel. Si haute et si belle est cette Vierge Reine, que les anges et les saints en discourent sans cesse. Tous l’honorent et s’inclinent devant elle, puis ils lui disent une prose si merveilleuse et d’un chant si beau, que le cœur ne