du moyen âge. La comédie finit toujours par y trouver place ; et j’en vois deux raisons, l’une littéraire, l’autre religieuse. D’une part, les esprits gardent encore cette mobilité de l’enfance qui passe en un moment des larmes au rire, cette naïveté qui ne sait pas se contraindre et se plier à la régularité d’un genre convenu. Aussi n’y a-t-il pas de roman de chevalerie sans un épisode comique, comme Calderon n’a pas d’Auto sacramental sans un rôle burlesque, comme on ne voit pas de cathédrale si majestueuse qui ne recèle sous ses gouttières, sur ses chapiteaux, dans les boiseries de ses stalles, de grimaçantes et risibles figures. D’un autre côté, c’est le conseil de tous les maîtres de la vie spirituelle, de combattre la tentation par le mépris et ce mépris eut son expression symbolique dans les formes grotesques sous lesquelles on représenta le tentateur et ses suppôts. L’antique peinture qui décore l’abside de Sainte-Marie de Toscanella montre Satan assis au milieu des flammes, broyant de ses dents impitoyables les âmes coupables qu’il rend dans la gueule d’un monstre placé sous ses pieds[1] . C’est la fidèle réminiscence d’une description reproduite dans deux légendes célèbres, celle de Tundale et celle du jeune Albéric. Dante
- ↑ Memorie istoriche della citta Tuscania, da Fr. Ant. Turiozzi. Sur la vision de Tundale et celle d’Albéric, qu’on me permette de renvoyer au travail déjà cité : Des Sources poétiques de la Divine Comédie. Dante, Enfer, chants XVIII, XXI et XXII.