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qui en sort, qu’elle se sent de mille lieues et plus. Là fourmillent les serpents, les vipères, les basilics et les dragons. Si l’on en retire le pécheur, c’est pour le précipiter dans des eaux d’une si grande froidure, qu’un jour y semble une année ; après quoi on le plonge dans une flamme telle, qu’il regrette la glace. Ce feu sinistre et fétide ne jette aucune lumière. Il est à celui de la terre ce que serait celui-ci au feu peint sur la pierre ou dans un livre. « Alors vient un cuisinier qui a nom Beizébut, un des pires de l’endroit, qui met le coupable rôtir comme un porc à un grand épieu de fer. Il l’arrose de fiel et de vinaigre, il en fait un fin régal qu’il envoie au roi des enfers. Et celui-ci y mord, et, tout en colère, il crie au messager « Va, dis à ce « méchant cuisinier que le morceau est mal cuit ; « qu’on le remette au feu, et qu’on l’y laisse. » Voilà un passage destiné à réjouir la foule, à lui arracher ce rire qui fait la conquête d’un auditoire, et le livre sans défense aux leçons qu’on lui réserve. En effet, le poète a déclaré qu’un sens profond se cache sous les figures de son langage les supplices qu’il a décrits ne sont que l’image grossière de ces maux éternels qu’il désespère d’exprimer, « quand il aurait cinq cents bouches, quand il en aurait mille, qui ne se tairaient ni le jour ni la nuit. » Il profite de la terreur où il a jeté les esprits pour se. relever par la peinture des peines morales des damnés, et par les enseignements qu’il