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La cité du mal est bâtie dans les profondeurs de l’abîme, longue, large, haute, et tout embrasée. Si l’on y jetait tout ce que la mer roule de flots, ils se consumeraient comme la cire fondue. Au milieu coulent des eaux troubles et empoisonnées, entre des bords couverts d’épines, ’d’orties et de broussailles plus tranchantes que le fer. Au-dessus s’arrondit un ciel pesant, tout de fer et de bronze, appuyé sur des montagnes et des rochers qui ne laissent pas d’issue. Typhon, Satan et Mahomet veillent à la porte : malheur a qui passera par leurs mains Une haute tour surmonte l’entrée là se tient une sentinelle que nul homme ne peut tromper, qui ne dort jamais. Nuit et jour elle crie « Tenez la porte close et gardez bien les passages et les chemins ; que nul de vos gens ne s’échappe Mais, si quelqu’un vient à vous, que la porte soit ouverte et le pont baissé.[1]  »

    que pages qui ont déjà paru dans mes Documents inéditsoù j'ai publié le texte des deux poëmes italiens (p. H8,291, etc.). Ces pages rentrent nécessairement dans le dessein de mon travail sur les Poëtes franciscains, et il m’est permis de supposer que les deux ouvrages n’auront pas les mêmes lecteurs. C’est d’ailleurs le seul emprunt que j’aie fait aux Documents, et encore y ai-je introduit des changements considérables. Voici le début de l’Enfer :

    A l’ onor de Christo, Segnor e Re de gloria, t.
    E a terror de l’om, cuitar voio un’ ystoria ;
    La qual spese fiae ki ben l’ avrà in memoria,
    Contra falso enemigo ell’ a far gran victoria.

  1. Je n’ai pas besoin d’indiquer les nombreux rapports de cette cité infernale avec celle de Dante. Voyez surtout les chants III, VIII, XIV, XVIII de l’Enfer.