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cette richesse d’images dont les écrivains mystiques disposaien’t, il représente la Vierge Marie par les plus brillantes figures de l’Ancien et du Nouveau Testament. C’est la Fontaine du Paradis, l’Arche. du Déluge, l’Échelle de Jacob ; c’est Judith, Esther délivrant son peuple c’est la femme qui apparut à saint Jean, revêtue du soleil, la lune sous les pieds, et le front couronné de douze étoiles. A la simplicité des sentiments, la douceur des rimes croisées, pareilles au balancement d’un berceau, on reconnaît un chant familier, composé non-seulement pour la classe innombrable des clercs, des moines, des religieux, mais pour le peuple italien, qui n’oublia jamais entièrement la langue latine, qui continua de la comprendre dans les hymnes de l’Église, et qui, de nos jours encore, en garde un souvenir confus, comme on se rappelle une langue qu’on entendit parler autrefois dans la maison de son père. Quelques savants ont contesté l’authenticité du poëme, et ne l’ont pas jugé digne d’un théologien si consommé. J’ai peu de penchant pour cette critique austère, qui refuse aux grands esprits le droit de se reposer de leur grandeur, de se faire petits quelquefois, pour se mettre au niveau des ignorants et des faibles. Je m’attache bien plus volontiers au sentiment du grand Corneille, qui trouvait assez de poésie dans ces stances pour essayer de les traduire, et pour satisfaire ainsi, disait-il, « à l’obligation que nous avons tous d’employer à la