avec la grandeur qui a donné une si juste popularité à la légende écrite par saint Bonaventure ; c’est là que Giotto et ses successeurs ont trouvé le premier original de cette figure de saint François qu’ils ne se lassent pas de reproduire, comme les peuples ne se lassent pas de l’aimer.[1] Mais, quand la poésie s’est emparée d’une âme qui lui convient, elle ne lui laisse pas de relâche qu’elle n’en ait tiré des chants. Il fallait que le docteur, l’historien, le ministre général de l’Ordre de Saint-François en vînt aussi à cette faiblesse de tous les cœurs passionnés, et qu’il composât des vers. Lui aussi, comme son maître, il s’était choisi une dame de ses pensées c’était encore la Pauvreté qu’il célébrait en la personne de la Vierge souverainement pauvre, mère du Dieu né dans un étable. La Vierge Marie, dont le culte eut tant de prise sur les mœurs violentes du moyen âge, qui
- ↑ S. Bonaventure, Legenda S. Franciscus , prologus, cap. V « De austeritate vitae ejus, et quomodo creaturœ prœbebant ei solatium.» Cap.VIII « De pietatis adféctu, et quomodo ratione carentia videbantùr adfici ad ipsum. » Cap. XIV. : « "Alaudae, aves lucis amicae et crepusculorum tenebras horrentes, hora transitus sancti viri, cum jàm esset noctis secuturaé crepusculum, venerunt in multitudino magna super tectum domus, et diu, cum insolita quadam jubilatione rotantes, gloria ; sancti, qui eas ad divinas laudes invitare solitus erat, tam jucundum quam evidens testimonium perhibebant ». Si je ne parle point ici des Méditations sur la vie du Sauveur, où j’aurais à relever tant de traits de la plus naïve poésie, ce n’est point que j’oublie ce pieux et charmant écrit, c’est parce que la critique moderne n’y reconnait pas la main de saint Bonaventure. Wadding, Scriptores Ordinis S. Francisci, cum supplemento Sbaraleae.