que des témoignages authentiques et dés faits canoniquement constatés. Saint Bonaventure y a mis la main par déférence pour les prières du chapitre général de l’Ordre, par gratitude pour le saint à l’intercession de qui, tout enfant, il avait dû la santé et la vie. Il a visité les lieux aimés du serviteur de Dieu, interrogé les amis et les disciples qui lui survécurent ; il a tout sacrifié, assure-t-il, même l’ornement du style, à l’amour de la vérité. Mais, s’il aime trop la vérité pour l’altérer par dés fictions, elle l’émeut assez pour que son langage s’en échauffe, se colore, et prenne dès le début tout l’éclat de la poésie. On n’est encore qu’à la première page, et saint François paraît, déjà comme. l’étoile du matin, comme l’arc-en-ciel de la paix, comme un autre Élie. C’est trop peu : saint Jean dans l’Apocalypse a vu un ange montant du côté du soleil levant, tenant à la main le sceau de Dieu saint Bonaventure y reconnaît le pénitent d’Assise, « ce messager du Christ, vivant de la vie des anges, venu pour appeler les hommes aux larmes, au sac et à la cendre, et pour marquer du signe de la pénitence ceux qui pleurent leurs péchés. » Lorsqu’il s’engage dans la narration, il y porte d’abord cette sobriété qui est le cachet des bons historiens ; mais, au récit de tant d’actions saintes, l’attendrissement le gagne, lui arrache des cris d’admiration et de joie. Il se trahit surtout par cette complaisance charmante qu’il met à raconter le respect
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