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un rôle allégorique : le palmier,. par exemple, désigne la vie éternelle, et le sacrifice d’Isaac celui de Jésus-Christ. Personne ne parle ce langage avec plus de hardiesse que saint Bonaventure, dans ses opuscules trop peu connus, dont les titres conviendraient à des hymnes et à des dithyrambes « les Six Ailes des Séraphins, les Sept Chemins de l’Éternité, l’Itinéraire de l’Âme à Dieu. » D’un autre côté, pour reconnaître derrière le voile de la nature la beauté éternelle qui se cache, pour écarter ce qui la dérobe, pour la poursuivre, il faut plus que l’intelligence ; il faut l’amour. L’amour est le commencement de cette sagesse qui se confie moins dans le syllogisme que dans la prière. Il en est aussi la fin car ne croyez pas que le saint docteur se satisfasse d’une connaissance stérile du Créateur et de ses attributs. Arrivé au terme où la raison s’arrête, il brûle de s’enfoncer plus loin ; il veut, dit-il, abandonner pour un temps les opérations de l’entendement, et tourner tout l’essor de la volonté vers Dieu, jusqu’à ce qu’elle se transfigure en lui. Que si vous demandez comment cela se peut faire, interrogez la grâce et non la science, le désir et non la pensée, le gémissement de la prière et non, l’étude des livres, l’époux et non le maître, Dieu et non l’homme. « Mourons donc à nous-mêmes, reprend-il ; entrons dans les ténèbres mystérieuses ; imposons silence aux sollicitudes, aux concupiscences, aux fantômes des sens, et, à