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« Toute science, dit le saint docteur, se réduit à deux livres : l’un écrit au dedans, et c’est l’ensemble des idées divines, antérieures à tous les êtres dont elles sont les types ; l’autre livre, écrit au dehors, est le monde, où les pensées de Dieu se retracent en caractères imparfaits et périssables. L’ange lit dans le premier, la bête dans le second. Pour la perfection de l’univers, il fallait une créature qui put lire dans les deux livres à la fois, et qui interprétât l’un par l’autre. C’est la destinée de l’homme ; et la philosophie n’a pas d’autre emploi que de le conduire à Dieu par tous les degrés de la création: elle y parvient de trois manières. En effet, l’homme saisit les objets extérieurs par la perception ; il s’y arrête par le plaisir ; il les connaît par le jugement. Et d’abord nous percevons, non pas la substance des choses sensibles, mais les phénomènes, c’est-à-dire les images qui frappent nos sens. Or, ces images rappellent le Verbe divin, image du Père, et par qui seul le Père est connu. En second lieu, nous ne trouvons de plaisir que dans la beauté, et la beauté n’est que la proportion dans le nombre. Mais, comme toutes les créatures sont belles en quelque manière, le nombre se trouve partout, et le nombre, le calcul, étant le signe principal de l’intelligence, il faut partout reconnaître la marque d’un

    In Magistrum Sentent., lib. II, dist. 1, pars I, Quaest I, et sermon. 13 In Hexoemer. « Aristoteles incidit in multos errores… execratus et ideas Platonis, et perperam. »