épaules, et des voleurs qu’ils convertissent. Ils vivent dans une douce familiarité avec les plus humbles créatures, ils les honorent comme autant de sœurs, ils en reçoivent les services et les respects. La légende cite un bon religieux de Soffiano, si aimé des petits oiseaux, que durant sa prière ils venaient se poser sur sa tête et sur ses bras. On dit que Frère Egidio, en disputant sur la virginité de Marie, prit la terre à témoin, et, la frappant trois fois de son bâton, en fit sortir trois lis. Saint Antoine de Padoue, voyant que les hérétiques de Rimini refusaient de l’entendre, s’approchait du bord de la mer, et prêchait aux poissons[1] . Dans ces temps héroïques de l’ordre franciscain, on peut dire que la poésie est partout. Il fallait cependant qu’elle prît corps, pour ainsi dire, et qu’elle produisît des poëtes. On en peut remarquer trois dès la première moitié du treizième siècle.
Le premier est un déserteur de la littérature profane. On ignore quel nom il portait dans le siècle ; on sait seulement qu’il est appelé le Roi des Vers, parce qu’on le considérait comme le prince des poëtes contemporains, et qu’il excellait dans ces chants voluptueux que l’Italie a toujours trop
- ↑ Fioretti di S. Francesco, cap. XL et XLVII. Vita B. Aegidii apud Bolland. Acta SS. , 23 april Vita S. Antonii, ibid. 13 junii . Litanies de S. François (Chavin de Malan, Histoire de S. François d'Assise , notes , p. 210) : « S. Francisce, vexillifer Jesu Christi, -eques Crucifixi, auriga militiae nostrae. »